La Bible et ses réalités symboliques

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La mémoire, ce sont nos racines ; sans lesquelles l'arbre de vie ne peut ni tenir ni donner de fruits. Notre mémoire collective se trouve dans la Bible. Ces récits construisent une identité autour de valeurs clefs qu'ils impriment dans la conscience de chacun.

Les évènements racontés ne sont pas vêcus comme évènements historiques mais comme évènements mythiques, aux significations potentiellement infinies.
Le texte biblique est le lieu d'expression de mythes au sens de "paroles fondatrices d'identité".

La transmission du mythe s'effectue par la Parole par les écrits mais également par les rites, véritable mémoire gestuelle de la mémoire narrative et textuelle.

Mythes et rites sont indiscossiables, ils se fécondent mutuellement.

L'exemple le plus représentatif est peut-être cet épisode de la vie de Jacob connu sous le nom du "combat de Jacob avec l'ange".

Chaque fois que nous étudions un rite, il faut en rechercher le fondement narratif et inversement. Le texte biblique devient alors d'une originalité et d'une richesse formidables

C'est dans cet esprit que nous présentons l'ensemble des réalités symboliques du christianisme.

1- Le combat de Jacob avec l'ange
2- De la sécurité à l'abandon : Abraham
3- Les arbres dans la bible



Les arbres dans la bible

L'olivier, (rameau rapporté par la colombe après le déluge)
le palmier (entrée à Jérusalem)
le genevrier (Elie en pleine acédie au désert)
l'arbre; au paradis; de la connaissance du bien et du mal (pommier?! ;-))
l'arbre de Jessé;
le figuier de Nathanaël
le sycomore de Zachée
Figuier mort
Chène de Manbré

De la sécurité à l'abandon




Du coeur de pierre au coeur de chair" d'André daigneault



Editions de l'Emmanuel








Comme Abraham

Abraham est notre père dans la foi.
Dieu lui demanda, un jour, un oui inconditionnel.
Dire oui contient toujours un risque et demande du courage. C'est laisser quelque chose derrière soi et avancer. Nous laissons en arrière ce qui semble certain et nous nous aventurons dans l'inconnu.
Un tel exode est toujours difficile. Couper, mourir à soi, c'est une loi spirituelle. Il faut que la graine meure, pour­risse en terre, pour fructifier. Il faut que le bébé se libère du ventre de sa mère pour naître, que l'enfant abandonne la sécurité de l'enfance pour devenir adolescent, que le jeune quitte ses parents pour choisir sa vocation propre.


Être homme, c'est essentiellement vivre dans une situation d'exode. Partir, tout quitter, c'est une part de la vie.
Jésus parlera sou­vent du rôle d'Abraham. Au chapitre 4 de l'Épître aux Romains et au chapitre 2 de l'Épître aux Hébreux, saint Paul nous parle d'Abraham pour décrire ce qu'est un homme de foi. En considérant les principales étapes de sa vie, ses différentes épreuves, nous pouvons voir comment Abraham peut être un modèle pour nous aujourd'hui.


La première épreuve d'Abraham, c'est de se voir arraché à sa vie passée, à son pays, à sa famille, à la maison de son père. Il doit quitter sa manière de vivre, quitter sa sécurité. Il doit se désinstaller. Il est dans l'obligation de changer le cours de son existence. C'est l'appel que Dieu lui lance et qui aussi retentit dans notre vie humaine et chrétienne: « Pars! »


Partir

Dans toute vraie vocation chrétienne, il y a toujours un départ. Nous sommes appelés à tout quitter, à nous laisser désinstaller.
Le Seigneur dit à Abraham: « Pars de ton pays. » Partir: comme ce mot résonne puissamment dans nos souvenirs, nos rêves ou nos peurs!
Il n'est pas étonnant que l'histoire du salut commence par un départ, car notre vie humaine et notre histoire commencent ainsi. La naissance est un départ. Le bébé quitte le ventre de sa mère, et c'est le début d'une aventure où l'enfant, d'étape en étape, grandira vers sa pleine crois­sance, son plein développement. Un jour, cet enfant d'hier devra quitter son père et sa mère, pour ne former plus qu'un avec sa femme ou son mari. Tous deux, à leur tour, seront les transmetteurs de la vie. Ils seront source de nouvelles naissances, de nouveaux départs.

L'homme est appelé à partir, et au moment de la mort, n'est-ce pas un des mots les plus justes pour désigner l'issue terrestre de notre vie? «Il est parti, il nous a quittés. » Il n'a pas sombré dans le néant, mais il est parti ailleurs, au-delà, vers ce pays qui l'attendait.
Entre le départ à la naissance et celui à la mort, la vie de l'homme est habitée par la peur, et le désir de partir ou de repartir, après un échec subi ou quand la routine menace.
Le départ est donc un des symboles les plus universels; car si l'homme est fait pour l'infini, ne serait-il pas, d'une certaine façon, un perpétuel partant, un éternel commen­çant ?
La foi, cependant, n'est peut-être pas surtout un départ comme une marche vers l'avant. Partir pour aller là où Dieu nous mènera.

Lorsque nous mettons la main à la charrue, il ne faut pas revenir en arrière. Le danger de revenir en arrière, de nous installer dans une certaine médiocrité nous guette tou­jours. La folie de l'amour nous fait peur. Nous préférons ce que nous appelons le juste milieu qui, bien souvent, n'est en fait que de la tiédeur. Nous avons peur de plonger dans l'inconnu, nous avons peur de la brûlure de l'amour. Dans toute vocation chrétienne qui est appel à la sainteté, il y a toujours un élément de folie, un élément contraire à l'es­prit du monde.


La crainte de partir...

Nous avons peur de partir vers l'inconnu. Cette crainte nous empêche de croître humainement et chrétienne­ment. Pour plus de sécurité, nous préférons nous tenir à ce que nous sommes déjà, plutôt que de prendre des risques et d'aller vers l'inconnu.

«Deux forces sont à l'œuvre en tout être humain. L'une recherche la sécurité, et fuit le danger et l'in­connu: elle nous pousse à revenir en arrière et à nous accrocher au passé, à nous en tenir à la communication primitive que nous avions dans le sein maternel; elle craint les initiatives, l'indépendance, la liberté, tout ce qui pourrait gâcher l'acquis.
L'autre force encourage à aller de l'avant, elle nous pousse à la confiance. La sécu­rité et la croissance ont leurs angoisses et leurs joies. Mais nous progressons vers la maturité lorsque les joies de la croissance et les angoisses de la sécurité sont plus grandes que les angoisses de la croissance et les joies de la sécurité»

Nous avons peur de l'insécurité, nous avons peur de l'inconnu; nous cherchons à être entourés, pris en mains, rassurés. Il existe souvent en nous une crainte de grandir, un désir de nous cramponner à des traits de personnalité qui nous retiennent en arrière ou qui nous font même régresser. Ceci peut se comprendre, car il y a toujours un risque à croître. Nous avons toujours un peu peur de l'in­connu. Nous sommes faits d'habitudes, et avons tendance à reproduire le passé et à nous cramponner à nos illusions. Nous nous sentons bien en terre connue avec des per­sonnes que nous connaissons ; nous avons peur d'af­fronter la différence, de quitter la sécurité.

«Dieu arrache Abraham à son clan, à sa vie ancienne, façonnée par son milieu; il en fait une
personne par son obéissance personelle à un ordre personnel. Jusqu'à la dernière page de la Bible, vous trouverez des hommes interpellés par Dieu, arrachés par cet appel aux préjugés de leur clan, aux pulsions de leurs instincts, aux automatismes de leur vie animale et qui deviennent par là des personnes et des prophètes, c'est-à-dire des hommes libérés, majeurs, créateurs, découvrant le vrai sens des choses et l'enseignant aux autres.»

Au moment de l'appel de Dieu, Abraham a une femme, des serviteurs, des biens et il n'est pas trop jeune. Mais Dieu parle et il obéit. Il quitte sa manière de vivre et part vers l'inconnu.


La foi pure




La première épreuve de la vie d'Abraham, c'est de quitter ses anciennes valeurs, son ancienne façon de vivre et de partir. Il lui faut partir; il part vers l'inconnu. Abraham doit quitter sa façon de voir et s'élever à un plan supérieur: celui de la volonté divine.

Dans la vie de toute personne qui veut marcher vers la sainteté, il y a toujours cet ordre intérieur de partir. Ne sachant pas où elle va, elle se contente de savoir et de croire que c'est Dieu qui la guide.

Cet arrachement est difficile, et plus on vieillit, plus il devient pénible de partir sans savoir où l'on va. Au plan spirituel, il s'agit de nous laisser mener. Parfois la route nous semble longue et obscure. Nous ne voyons plus rien. C'est un renoncement à mener notre vie comme nous l'entendons. Voilà la foi pure !


Un renoncement

La foi est toujours une séparation, un renoncement. Tout d'abord un renoncement à notre suffisance orgueilleuse, au sentiment que notre raison est capable de se tirer d'affaire par ses propres forces, qu'elle n'a nul besoin d'une intervention de Dieu. Mais il nous faut savoir que toute foi sera d'abord abandon de notre propre suffi­sance. Il faut partir sans savoir où nous allons. Saint Gré­goire de Nysse va jusqu'à dire: « C'est parce qu'il ne savait pas où il allait qu'Abraham savait être sur la bonne voie, car il était sûr ainsi de ne pas se laisser conduire par les lumières de sa propre intelligence, mais d'être conduit par la volonté de Dieu. »


Changer son existence

Abraham change toute son existence. Il part pour une destination qu'il ignore.
Dans Crainte et tremblement, Kierkegaard écrit d'Abraham: « Il laissa une chose : sa raison terrestre, et en prit une autre : la foi. Sinon, songeant à l'absurdité du voyage, il ne serait pas parti. »
À nous aussi, Dieu demandera souvent, dans nos vies, de quitter quelque chose ou quelqu'un. Il nous faut accepter que certains amis nous quittent et nous abandonnent si nous voulons demeurer fidèles à ce que Dieu veut de nous. Nous devons toujours être dans un état de disponibilité.

Périodiquement, Dieu nous invite à changer de vie, sur un point ou sur un autre. Pas nécessairement à renoncer à une vie pénible pour une vie meilleure, mais à franchir une nouvelle étape en renonçant peut-être à quelque chose de bon en soi pour une autre chose également bonne. Il faut quitter notre pays, abandonner notre sécurité et nos habi­tudes.

C'est une erreur d'imaginer que la tentation par excel­lence du chrétien soit la révolte. La grande tentation est plutôt le désir de la sécurité. Nous avons peur de la liberté, nous avons peur de « quitter» ce qui nous donnait la sécu­rité. Après Abraham, au temps de Moïse, les Hébreux ont peur de leur nouvelle liberté, ils en viennent à regretter l'Égypte: «Donnons-nous un chef et retournons en Égypte. »
Certains peuvent même croire être surnaturels parce qu'ils obéissent et sont mus simplement par un attache­ment très humain à une personnalité qui les sécurise. Le Père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus, dans son ouvrage magistral Je veux voir Dieu, explique ainsi l'illusion de la fausse obéissance: « Dociles ou même passifs par tempé­rament, n'ayant point d'idées personnelles, et leur volonté manquant d'énergie pour s'affirmer et courir un risque quelconque, obéir leur paraît habituellement, sinon constamment, le parti le plus facile, leur obéissance est facile, mais peu ou point surnaturelle.

«Donne-nous un roi qui marchera devant nous », disait le peuple de Dieu. C'est toujours la même tentation de revenir en arrière et de refuser de quitter une ancienne façon de vivre. « Pars», dit le Seigneur à Abraham.
Comme l'écrit si bien Alain Grzybowski : «Quitte ton pays! C'est vrai aujourd'hui pour tant de mes frères: Viet­namiens, Laotiens, Cambodgiens, Libanais, Palestiniens,
réfugiés politiques d'Amérique latine ou d'Afrique. C'est vrai pour tous les changements de résidence plus ou moins imposés. Combien de confidences douloureuses sur les arrachements successifs provoqués par des déménage­ments moitié voulus moitié subis! Et, pris au sens figuré,
que de fois devons-nous entendre ce' "Quitte ton pays".

Quitte ton pays... ton mode de vie... ton emploi te fait défaut et le chômage t'attend. Quitte ton pays... et regarde ton conjoint avec des yeux nouveaux. »


Désert et silence

Ce n'est pas facile de quitter un milieu, un pays, une maison. Pour notre raison, le plus difficile encore, c'est de partir sans savoir où nous allons, sans savoir ce que nous ferons et de marcher longtemps sans apparemment arriver au but. Dans notre vie spirituelle et apostolique, nous retrou­vons de ces étapes où nous ne comprenons plus rien, et où nous ne savons pas trop où nous allons. C'est le désert et le silence de Dieu.
Durant ces années de silence, Abraham se pose sûre­ ment des questions et ressent l'angoisse du silence de Dieu. «Me suis-je trompé? Était-ce une illusion? » Il ne comprend pas. Il vit l'épreuve du désert. Il marche sans connaître la route, ni les étapes ni le terme. Abraham se fie
à Dieu. La Bible dit: «Abraham continua sa marche d'étape en étape» (Gn 12, 9).
La sainteté, c'est marcher d'étape en étape, souvent dans la nuit, en ne voyant pas le chemin ni le terme du chemin, mais en sachant que notre main tient dans celle du Père.


La longue attente

Après ce silence et ce désert, à la même période, il y a pour Abraham ce que j'appellerai l'épreuve du temps. Dieu va faire une promesse à Abraham. Sara, sa femme, n'est plus en âge d'avoir d'enfant. Un jour, Yahvé dit à Abraham: «Je rendrai ta postérité nombreuse comme la poussière de la terre» (Gn 15).

Malgré l'invraisemblance de la promesse, Abraham l'ac­cueille. Il croit en la parole de Dieu. Humainement, la pro­messe ne peut se réaliser, puisqu'il est sans enfant. Les années s'écoulent, et il supporte l'épreuve du temps et de la longue attente; car la promesse de Dieu semble de plus
en plus un rêve.
Durant des années, ce sera le silence de Dieu. La pro­messe ne semble pas vouloir se réaliser. Comme le dit si bien le Père Molinié : «Abraham a toute raison de se mon­trer sceptique au sujet des promesses divines qui ne sem­blent pas promptes à se réaliser. Cet exemple suffit à définir la situation permanente des serviteurs de Dieu. Ils sont affrontés à une contradiction qu'aucune
sagesse ne parvient à surmonter: d'une part, l'affirmation répétée d'un amour extraordinaire et jaloux, appuyée par des signes eux­ mêmes extraordinaires - ceci au-dehors - et au-dedans un
feu dévorant qui pousse à "espérer contre toute espérance". D'autre part, des faits indiscutables, massifs, innom­brables, suffocants, et au-dedans la complicité du cœur humain qui, laissé à lui-même, retombe aussitôt dans l'im­pression irrésistible (combien justifiée, croit-on, par tous ces faits) qu'il ne peut pas en être ainsi, que tout cela est du rêve ou un conte de fées... et c'est alors qu'en effet le démon nous attend pour nous entraîner au-delà du doute dans le vertige du néant et dans les ténèbres de l'angoisse. »

Oui, cette épreuve du temps et de l'attente est une très lourde épreuve, car tout semble nous dire: «Tu t'es trompé. » Comme pour Abraham, la promesse ne semble jamais se réaliser et les aspirations de notre cœur sem­blent une illusion ou un beau rêve.


Attendre la réalisation de la promesse

Pour résumer un peu, rappelons-nous que pour un juif, réussir sa vie, c'était avoir une terre et des enfants. Abraham, lui, n'avait ni terre ni enfant. C'est alors que Dieu lui fait cette promesse d'une terre et d'une descen­dance, promesse qui se situe précisément au cœur de l' échec d'Abraham.
Revoyons un peu notre histoire personnelle. Où avons­-nous échoué dans notre vie? L'endroit dans notre vie oùnous ressentons l'échec, c'est un peu comme une blessure qui attend d'être guérie. C'est là que nous pourrons mieux voir la promesse de bonheur que Dieu nous fait person­nellement.

Suite à cette promesse, Abraham se lève et quitte son coin de pays pour se mettre en marche, pour aller où Dieu le conduira.

Et nous, qu'avons-nous quitté pour suivre Dieu? Que nous faut-il quitter encore?
Après ce départ, cette rupture, nous expérimenterons probablement que la promesse ne se réalise pas pleine­ment. Nous ressemblons à Abraham puisque, comme lui, nous devons attendre la réalisation de la promesse divine à notre égard.
Cela faisait longtemps qu'Abraham était parti. Il n'avait toujours pas trouvé de terre et n'avait pas d'enfant. La pro­messe semblait irréalisable, car sa femme était stérile. Sara suggère donc à Abraham de prendre Agar, sa ser­vante, et d'avoir un enfant avec elle: « Dieu n'est tout de même pas fou. Il voit bien que je suis stérile... »

C'est la tentation de forcer la main de Dieu, de faire arriver la promesse selon nos vues. Dans notre vie, quand le bonheur promis tarde à venir, comment nous organi­sons-nous pour réaliser nous-mêmes, sans Dieu, la pro­messe qu'il nous assure de réaliser lui-même? Quelles sont nos solutions? Comment reprenons-nous en main les choses que nous avions laissées à Dieu? De quelle façon nous organisons-nous pour réaliser la pro­messe de Dieu, pour nous sauver nous-mêmes et nous dire que nous ne sommes pas comme le reste des hommes? Pourquoi avons-nous si peur d'avouer notre faiblesse et notre vulnérabilité?

C'est à travers la pauvreté, l'échec et la faiblesse que Dieu aime agir. Ce qui est impossible à l'homme est pos­sible à Dieu. Notre Dieu est le Dieu de l'impossible!



L'épreuve du sang

Abraham et Sara ont attendu des années la réalisation de la promesse. L'enfant est né, il a grandi et est devenu adolescent. Enfin, Abraham détient un signe visible que, ce que Dieu lui a dit il y a plusieurs années, pourra se réa­liser par Isaac. C'est alors qu'arrive l'épreuve du sang.

Dieu va éprouver la foi d'Abraham jusqu'à la folie du raisonnement humain. Ce sera la purification de l'esprit. "Saint Syméon le Nouveau Théologien affirme avec force que : « Sans passer par le creuset des angoisses et en affrontant maintes épreuves, il est impossible d'entrer dans l'expérience spirituelle authentique et d'atteindre la purification de son âme et de son cœur.»

Abraham passera par la purification la plus terrible, celle qui fera de lui le « père» des croyants. Il sacrifiera sa paternité au niveau humain. Il fera mourir tout ce qu'il y aurait en lui de trop possessif, de trop paternaliste, de trop dominateur.

Au chapitre 22, c'est peut-être le récit le plus poignant de la Génèse : « Il arriva que Dieu éprouva Abraham et lui dit "Abraham!" Il répondit : "Me voici." Et Dieu lui dit :
"Prends ton fils, ton unique, que tu aimes, Isaac, et va-t'en au pays de Moria et là, tu l'offriras en holocauste sur celle des montagnes que je t'indiquerai." »
C'est vraiment l'épreuve du sang : la nuit de la foi, la nuit de l'esprit. Abraham, toute sa vie, avait attendu la naissance d'Isaac, l'enfant de la promesse... Il ne vivait que pour cela. Dieu lui avait promis une postérité comme la poussière du sol et les étoiles du ciel. Sara, son épouse, était stérile. Dieu intervient et l'enfant vient au monde. La promesse est entrain de s'accomplir. Et voilà que Dieu semble se contredire puisqu'il lui demande d'immoler son fils, son fils unique, l'enfant même de la promesse.
C'est donc la purification totale, le grand drame de sa vie. Le drame d'Abraham n'est pas surtout le fait d'immolet son fils. (Cela se faisait parfois chez les peuplades de ce temps-là). Le drame et l'épreuve d'Abraham, c'est qu'il lui fallait continuer à croire que Dieu lui donnerait une postérité, que Dieu serait quand même fidèle, malgré tout, à sa promesse de lui donner une descendance.
C'est le déchirement entre une contradiction et une pro­messe qu'il ne veut pas nier. C'est la folie de la sagesse de Dieu qui contredit la sagesse de l'homme.


Immoler notre Isaac

Saint Jean Chrysostome dans une homélie sur le sacri­fice d'Abraham s'écriera : «Dieu contredit Dieu, la foi contredit la foi, le commandement contredit la promesse. »
Cette épreuve d'Abraham, nous la vivrons, d'une cer­taine manière, dans notre vie chrétienne. Nous avons tous un «Isaac» à immoler. C'est peut-être un projet, un groupe, une personne à qui l'on tient. Nous nous sommes dépensés corps et âme pour former un groupe et voilà que nous devons l'immoler, nous en détacher. Nous avons fait un rêve, et voilà que tout semble s'écrouler. C'est la nuit: durant des jours, il nous semble que la promesse de Dieu est une illusion car il semble vouloir que nous immolions ce que nous croyions qu'il voulait de nous. Et cela nous fait vivre un déchirement, une angoisse terrible, une mort affreuse. C'est la purification de notre foi.
Abraham est vraiment le « père» de notre foi. Nous pas­serons aussi par l'épreuve du sang et de l'immolation de notre « Isaac», si nous voulons être fidèles dans notre vie chrétienne à ce que la Bible nous appelle à vivre.



Refermer la main ou l'ouvrir?

Mis à l'épreuve, Abraham a reconnu Isaac comme un don. Il n'en a pas fait sa chose, il n'a pas refermé ses mains ni refusé son fils. Il a quitté son Isaac, car il voulait que celui-ci devienne un homme; c'est-à-dire qu'il soit lui­même et non pas seulement le fils d'Abraham.
Combien de parents, combien de pères spirituels et d'éducateurs auraient besoin de méditer sur le sacrifice d'Abraham! Il est tellement facile de nous croire désinté­ressés en faisant du bien aux gens, sans nous rendre compte que nous sommes trop paternalistes et que nous voulons dominer les gens en les rendant semblables à nous.

Nous avons besoin d'être purifiés. Chacun de nous est enfermé derrière des murailles d'égoïsme et ramène sou­vent tout à lui. Il faut mourir à soi pour arriver à la vraie libération du cœur et à la sainteté. Mourir d'abord à cet amour possessif qui a peur de la solitude, qui a peur de la séparation d'avec les autres, qui a besoin de dominer l'autre et qui a peur de faire de la peine par crainte du rejet. Il nous faut mourir à la fausse générosité imbibée d'une recherche subtile de soi et de domination sous l'apparence du «bien que nous voudrions faire aux autres ». C'est le renoncement le plus difficile qui soit : le renoncement à notre image.


Les faux pères...

La vraie paternité n'est pas ce que l'on croit. Elle a besoin d'être purifiée de tout ce qui est possessif. Il peut se produire, de fausses recherches comme le dit si bien Henri Samson, dans Propos spirituels d'un psy­chiatre : « Il arrive que nous cherchions le père, mais pas de la bonne manière. Ce que nous n'avons pas obtenu de notre père, nous croyons le retrouver avec ce père avec qui nous devenons liés affectivement. Nous voudrions que ce nouveau père nous dise quoi faire. Nous voudrions qu'il prenne possession, une fois pour toutes, de notre conscience pour la diriger. Nous voudrions nous aban­donner moralement entre les mains de ce père sûr. Nous cherchons la sécurité, la protection, l'appui, mais nous nous retrouvons dépendants, vraiment appuyés mais inca­pables de marcher seuls. Nous cherchons faussement un père. Avec les années il arrive que cette dépendance devienne malsaine. Elle crée un nouveau besoin: celui de
rester dépendant, de ne pas prendre ses responsabilités. Cette recherche du père devient plus maladive encore, quand le père s'impose par une attention continue. Sans nous en rendre compte, nous idéalisons un personnage. Nous nous faisons une image idéalisée de ce nouveau père. En réalité, ce sont des besoins affectifs qui nous guident. Si ce faux père est lui-même victime de ses besoins affec­tifs, nous nous apercevons un jour que cet être est aussi un dépendant et un faible. Mais nous ne sommes pas toujours prêts à croire que ces liens sont faux.

Ce faux père peut être aussi un homme que nous admirons depuis long­temps, qui semble tout savoir. Il a tellement d'aisance que nous le prenons pour un homme fort, un homme dégagé, mûr, et nous nous laissons prendre par le mirage, les apparences qui l'entourent. Nous nous découvrons comme une nouvelle personnalité au service de ce person­nage et celui que nous voulions comme protecteur appa­raît comme celui que nous avons besoin de protéger!. »



Utiliser notre vertu


Pierre Van Breemen, dans son livre intitulé Je t'aï appelé par ton nom, nous fait part d'une religieuse qui, après avoir fait carrière vingt ans à titre d'infirmière, découvre avec consternation
qu'elle ne s'est jamais réelle­ment dévouée aux autres. Les personnes qu'elle voulait aider n'étaient que des projections et des prolongements d'elle-même. Elle avait besoin de son apostolat pour se prouver quelque chose. Elle ne s'était jamais renoncé et ne s'était jamais perdue pour l'autre. Ce qu'elle appelait ser­vice des malades et apostolat, n'était que service d'elle­-même. Cela peut paraître exagéré, mais c'est possible.

Dans notre travail, dans notre apostolat, nous pouvons utiliser nos soi-disant désintéressements et service pour bâtir notre propre royaume. Si l'on nous rejette, nous nous sentons quasiment des prophètes ou des saints. Puisque l'on nous fait souffrir, c'est que nous avons raison, et nous nous considérons tout comme les serviteurs souffrants d'Isaïe, au lieu de regarder nos fautes. C'est alors que nous utilisons notre vertu et nos souffrances pour notre propre glorification. Nous aimons passer pour des personnes ver­tueuses et charitables qui vivent toujours la pureté d'intention. Si les autres nous font souffrir, c'est qu'ils manquent de charité et qu'ils ne nous comprennent pas, nous, les pauvres victimes.


La fausse bonté

En chaque être humain, il y a la peur de se trouver seul. Cette peur de la solitude peut être malsaine et peut empê­cher une personne de prendre une décision contre quel­qu'un qu'elle apprécie parce qu'elle a peur d'être rejetée par ce dernier. Elle se soumet, de peur de prendre des risques. Cette personne pourra garder toute sa vie des comportements immatures. Cette personne se cache par­fois sous un masque de fausse bonté et a toujours besoin d'être approuvée.

Comme l'écrit Adrian Van Kaam : «Ce besoin d'appro­bation me rend extrêmement sensible à tout genre de rejet, de la part de n'importe qui, mais surtout des per­sonnes qui représentent pour moi l'autorité en matière de religion. Je puis même être tenté de négliger ce que Dieu veut de moi si je sens que cela risque de mettre en péril l'approbation dont j'ai tant besoin. Au lieu d'écouter l'Esprit et d'accepter d'un cœur humble le risque de faire des erreurs et de m'attirer de la désapprobation, je serais tenté de n'écouter que mon propre besoin d'affection et d'adulation.

Je peux même aller jusqu'à me tromper moi-­même avec ce raisonnement; être parfait aux yeux des autres, c'est être parfait aux yeux de Dieu. À partir de ce moment, ma vie spirituelle devient une façade. Mon obéis­sance peut alors être utilisée comme une occasion de fuite du risque de la responsabilité dans les domaines qui res­tent ouverts à mon libre choix. Mais si je reste bien au chaud, je fais en sorte qu'il soit impossible pour aucun supérieur de trouver un défaut à mes idées ou dans mes actions. Personne ne peut condamner une initiative qui n'existe pas. »


Vivre par procuration

«Un autre symptôme de tendances névrotiques dans ma recherche de la perfection religieuse ne serait-il pas mon besoin d'un prêtre, d'un directeur spirituel ou d'un ami pieux qui accepterait d'assurer la pleine responsabilité de ma vie religieuse. Si j'ai une personnalité religieuse névrotique, je tenterai de vivre ma vie spirituelle indirec­tement par cette autre personne, comme "par procura­tion". Je déteste me retrouver seul et abandonné. Je me sers inconsciemment de la direction spirituelle pour m'assurer une sécurité, au lieu d'en faire un moyen de croissance personnelle. »

«Au lieu de prendre des risques je m'oblige à ne rien demander. Je prends faussement comme idéal d'être modeste, de ne pas être remarqué, de m'effacer. Je peux m'imaginer que cette attitude donne la preuve de mon humilité. Toutefois, une analyse plus approfondie me révé­lerait que cette attitude provient de ma crainte névrotique de manquer mon coup ou de perdre mon auréole de réserve et d'oubli de soi. Mais si j'étais une personne reli­gieuse authentique, j'accepterais le rejet, j'accepterais , de me prendre en main et de porter la jalousie des autres. Alors Sa volonté compterait plus pour moi que le fait d'être accepté par les autres comme une sainte personne. »

Pour devenir un homme mature et un chrétien adulte, je dois accepter de mourir à moi-même.


Mourir à nos œuvres

Abraham a sacrifié Isaac. Il a reconnu Isaac comme un don, il ne l'a pas retenu. Il fallait que la paternité selon la chair d'Abraham passe par la mort pour qu'Isaac devienne porteur de la bénédiction et engendre à son tour. Abraham avait bien compris la raison de son sacrifice.
Nous aussi, nous avons un «Isaac» à sacrifier. Nous sommes tous portés à nous attacher à nos œuvres, nos travaux, notre apostolat, nos enfants charnels ou spiri­tuels. Oui, il nous faudra, à notre tour, sacrifier notre « Isaac» et faire mourir peut-être ce à quoi nous sommes le plus attachés.

"Qu'il est difficile d'aimer" chante Gilles Vigneault. Aimer quelqu'un, ce n'est pas organiser des choses pour lui. Aimer quelqu'un, ce n'est pas se pencher sur lui. Aimer, c'est désirer que l'autre personne puisse croître, grandir, devenir elle-même, c'est à dire différente de moi.


La purification

L'amour a toujours besoin d'être purifié. Prenons par exemple ce maître avec son élève ou ce père spirituel avec celui qui lui demande l'aide de son accompagnement.
C'est là, peut-être, que le risque est plus grand, parce que plus subtil. Risque de l'accaparement par le père qui dira: « Mon fils, mon préféré, fais ce que je te dis. Modèle­-toi sur moi, je suis ton guide. Tu n'as rien à craindre. N'essaie pas d'autres chemins que ceux que j'ai suivis moi-­même. Je suis ton modèle.» Et le fils ou l'élève de répondre : «Maître, je te suivrai partout où tu iras. » Ce n'est plus alors un chemin de croissance spirituelle, mais un engourdissement dans une mauvaise confiance.

Jack Dominison, dans son volume Maturité affective et vie chrétienne, explique ainsi l'épisode du Temple où Jésus à douze ans se sépare de ses parents: «Jésus n'avait aucun doute sur ce qui constituait sa relation primordiale. Il lui était demandé de se détacher de Marie et de Joseph, cela sans la moindre trace d'anxiété, pour se tourner vers une tâche au sujet de laquelle il n'éprouvait pas la moindre hésitation. À un stade aussi précoce, il était à même de survivre seul sans aucune peur, séparé de ses parents, et d'agir ainsi tout en sachant bien que cela leur ferait de la peine, une fois de plus sans la moindre trace d'un senti­ment de culpabilité.


« Cet épisode suggère clairement qu'à cet âge le Christ était intérieurement détaché de ses parents humains sans éprouver aucune angoisse due à la peur, et qu'il s'en était détaché sans les rejeter pour autant. »
C'est ainsi que par cette séparation on peut appeler Marie «fille d'Abraham>>. C'est-à-dire qu'elle renonce à tout esprit de domination ou de possession sur son fils; elle devient ainsi le modèle des mères qui, tout en aimant leurs enfants savent couper le cordon ombilical psycholo­gique qui les relie à son autorité.

L'accaparement affectif est toujours quelque chose d'ex­trêmement subtil.
Quand la relation d'amitié ou d'accompagnement se situe dans le domaine religieux, le risque redouble puis­qu'il devient lourd de la prététention mensongère de servir Dieu et de procurer la gloire. C'est dans ce cas que l'accep­tation de la différence doit être la plus radicale ; c'est là aussi qu'elle est la plus douloureuse. Le père spirituel chrétien devrait toujours avoir pour modèle Jean-Bap­tiste. «Il faut que le Christ grandisse et que moi, je diminue », disait ce dernier.
« Combien de disputes, de ruptures entre pères et ado­lescents, trouvent là leur racine profonde? Ce père oublie qu'on ne fait pas un enfant pour soi, mais pour lui. Que l'enfant n'appartient à personne, sinon à lui-même et à Dieu. Et qu'il s'agit de l'éduquer, c'est-à-dire de le conduire dehors pour qu'il réalise son propre projet humain, son aventure nouvelle et imprévue. »


Tant qu'un père physique ou un père spirituel n'a pas sacrifié son «Isaac », il se recherchera dans sa paternité ou sa soi-disant direction spirituelle. Celui qui veut trop diriger les autres, accompagner les autres, même sous des prétextes de charité et de spiritualité, devra d'abord, dans la lumière de l'Esprit Saint, regarder ses motivations pro­fondes. Seul celui qui est assez transparent pour s'ouvrir sans aucune cachette à un autre peut commencer à penser qu'il pourrait aider les autres dans leur cheminement.


Abraham, le vrai père

Abraham est celui qui ne dira plus possessivement : ma terre, mon père, ma mère, ma femme, ma sœur, mon fils. Il est pour nous l'exemple de la dépossession, l'exemple de la foi et du détachement. Il est le contraire du « paterna­liste». Il a vraiment écouté la voix de Dieu. Dieu dit alors à Abraham : «Parce que tu as écouté ma voix ». En ce sens, Abraham est alors à l'opposé d'Adam qui avait écouté la voix du serpent et voulu se faire Dieu. Abraham est le modèle de l'obéissance et de la foi. Abraham redonne sens à la création en acceptant que Dieu seul soit Dieu et Père, et en s'abandonnant à lui dans la confiance et dans l'amour. Non seulement Isaac vivra, mais il sera le premier d'une descendance destinée à peupler la terre. Abraham, en consentant à sacrifier son fils, ne s'est pas contenté, comme il l'a cru, de se conformer au commandement de Yahvé : son être entier a reproduit alors la paternité de Dieu qui n'est pas de l'ordre des procréations biologiques, mais qui passe par le don total de soi, par la dépossession.


Aimer; c'est être pauvre et renoncer à la puissance sur l'autre. Comme Dieu, Abraham a accepté de ne pas considérer son fils comme sa propriété. En se comportant ainsi, il inaugurait avec son fils des relations d'un nouvel ordre, analogues aux relations de Dieu avec l'humanité. Il devenait père selon Dieu, conforme à Dieu dans sa manière d'exercer la paternité. Abraham est le père des croyants, le vrai père, celui qui est réellement fécond parce que libre et détaché de lui-même. Il est pour nous un modèle. Il nous apprend par sa vie ce que sont la foi et la vraie paternité.

Le combat de Jacob avec l'ange

Que Saint Jean Climaque nous accorde par ses prières la grâce d’une quête inlassable de Dieu, avec cette violence d’amour qui a parfois la force de Le vaincre et de L’incliner vers l’homme !




Au cours de la traversée du fleuve Yaboq, Jacob ren­contre un ange qui l'empêche de passer. Jacob se bat vaillamment et prend le dessus. l'ange deman­de à Jacob de le laisser partir. Jacob répond qu'il ne le laissera partir qu'après avoir reçu sa béné­diction. L'ange donne sa bénédiction à Jacob: « Ton nom ne sera plus Jacob mais Israël, car tu as combattu avec les hommes et avec Dieu et tu as vaincu".

Victoire qui ouvre la voie à une « mu­tation d'identité ", qui nous apprend que l'hom­me n'est pas, mais qu'il a à être, que son existence est un devoir être, infiniment. Comme dit le poète Roberto Juarroz : « l'homme ne vit pas, il ressus­cite, à chaque pas il ressuscite ". Et comme l'en­seigne Erich Fromm: « Vivre, c'est naître à chaque instant ".

Au cours du combat, Jacob est touché à la hanche et devient boiteux. La boiterie, le changement de nom sont les points forts de ce mythe. Jacob et Israël! Jacob est Israël. Passage incessant de l'un à l'autre: hébreu (Le mot «hébreu» vient de la racine « avor » qui signifie passer d'une rive à l'autre. Passage et aussi fécondité, puisque l'enfant dans le ventre de sa mère se dit « oubar »).

Refus radical d'une identité définitive, d'une fétichi­sation de soi. Identité boiteuse, boiterie, qui rap­pelle sans cesse qu'il faut échapper aux pulsions de classification qui enferment les êtres et les choses dans la prison des noms et des mots. Identité boi­teuse, qui maintient l'homme dans le question­nement de l'identité, afin qu'il se souvienne que l'homme « se fait de se défaire ", que l'être est un « là-bas.. « quelque part dans l'inachevé...

Tout de suite après la bénédiction de l'ange, le texte biblique ajoute: « De ce fait, les enfants d'Israël ne mangent pas le nerf sciatique (Guid Hanaché). Ainsi est né ce rite alimentaire, qui garde en mémoire la narration du « combat de Jacob », de sa victoire et de sa boiterie.

La « mémoire narrative » est donc revivifiée par la « mémoire gestuelle.. qu'est le rite. Chaque fois que l'on mange de la viande en s'interdisant la consommation du nerf sciatique, et aujourd'hui toute la partie arrière de l'animal pour ne pas avoir à transgresser l'interdit, les juifs énoncent en même temps cet impératif: Deviens! Construis-toi! In­vente-toi ! « Ta perfection réside dans ta perfec­tibilité ! "... (André Néher). Sur le plan de l'étude des textes, cette dialectique du mythe et du rite est extraordinairement féconde et créative.




Marc-Alain Ouaknin
Les symboles du Judaïsme
Editions Assouline

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D'abord il y eut un soir et ensuite un matin. Ainsi notre amour, toujours commençant, toujours si faible, incertain et menacé,ira s'épanouissant vers la clarté de l'Amour sans limites ...

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